- Je peux te faire confiance ? demande Mireille.
Hélène lève les yeux au ciel. C'est le mantra de sa mère, la confiance. Quest-ce qu'elle s'imagine ? Qu'elle va lui dire non, j'ai qu'une hâte : prendre le bus pour me faire engrosser par un RMIste et foutre ma vie en l'air.
- Mais oui, maman...
...Mireille se dit qu'Hélène sera de ce monde là un jour, celui du commandement et du savoir, les gens qui donnent des ordres d'un ton évasif et marchent un dossier sous le bras, rigolent de trucs incompréhensibles et se conduisent avec les autres comme des adultes avec des enfants. Ca la dégoûte et la réjouit.
Nicolas Mathieu, Connemara
Je peux te faire confiance ?
Vous avez reçu mon hérisson ?
- Vous avez reçu mon hérisson ? demanda-t-elle d'une voie ferme et presque courroucée.
- Oui, répondit le prince, qui rougissait et se mourait.
- Expliquez immédiatement ce que vous en pensez. C'est indispensable pour la tranquillité de Maman et de toute notre famille.
- Écoute, Aglaïa... balbutia le général, soudain inquiet.
- Ça, ça dépasse toutes les limites ! Fit Lizaveta Prokofievna, soudain prise de panique par on ne savait trop quoi.
- Je ne vois pas quelles limites, maman, lui répondit immédiatement sa fille d'une voix sévère. J'ai fait porter un hérisson au prince et je veux connaître son opinion. Et bien, prince?
- C'est-à-dire, quelle opinion, Aglaïa Ivanovna ?
- Sur le hérisson... Vous me demandez en mariage, oui ou non ?
Dostoïevski : l'idiot
En fait tout est bleu chez les chasseurs alpins
En fait tout est bleu chez les chasseurs alpins :
« — Quelle couleur la moto ?
— Bleu cerise, répondit Julien sans hésiter.
— Bleu cerise ? Mais ça n’existe pas ! émit Sandrine.
Un gendarme la renseigna.
— C’est le rouge. Les chasseurs alpins ne prononcent jamais le mot rouge. Ça date de l’époque de Napoléon III qui voulait que les soldats portent le pantalon garance. Rouge si vous préférez. Vous imaginez les bidasses en rouge sur la neige ? C’est devenu depuis une tradition. Ils ne prononcent plus ce mot sauf pour évoquer les lèvres d’une femme, notre drapeau et la Légion d’honneur. »
— (Laurent Pocry, Pour la peau d’un chamois, Janzé : Coëtquen Editions, 2016, page 45)
source : fr.wiktionary.org
Toutes les images disparaîtront.
Toutes les images disparaîtront. L'homme croisé sur un trottoir de Padoue, l'été 90, avec des mains attachées aux épaules, évoquant aussitôt le souvenir de la thalidomide prescrite aux femmes enceintes contre les nausées 30 ans plus tôt et du même coup l'histoire drôle qui se racontait ensuite : une future mère tricote de la layette en avalant régulièrement de la thalidomide, un rang, un cachet. Une amie horrifiée lui dit, tu ne sais donc pas que ton bébé risque de naître sans bras, et elle répond, oui je sais bien mais je ne sais pas tricoter les manches.
Annie Ernaux, les années
Annie Bergou : Une rigolote, Annie Ernaux.
Inter Brette : Annie Bergou, elle n'a pas eu un prix pour ça, récemment ?
Nous fîmes cap sur un léger embarcadère
Nous fîmes cap sur un léger embarcadère et le Papaoutah, de son gros ventre, avant de l'atteindre, rafla la barre. En bambou qu'il était l'embarcadère, je m'en souviens bien. Il avait son histoire, on le refaisait chaque mois, je l'appris, à cause des mollusques agiles et prestes qui venaient par milliers le bouffer au fur et à mesure. C'était même, cette infinie construction, une des occupations désespérantes dont souffrait le lieutenant Grappa, commandant du poste de Topo et des régions avoisinantes. Le Papaoutah ne trafiquait qu'une fois par mois mais les mollusques ne mettaient pas plus d'un mois à bouffer son débarcadère.
Céline, Voyage au bout de la nuit
tags : Colonies, colonialisme
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