Assises contre l islamisation de l Europe
"Les "Assises contre l'islamisation de l'Europe" se sont tenues ce samedi à Paris. Près de mille personnes ont assisté à la conférence. Mais qui sont-elles?
xénélasie
La rue de Charenton à Paris est inhabituellement animée. Ce samedi, une salle du XIIe arrondissement parisien accueille les controversées "Assises contre l'islamisation de l'Europe", organisées par le Bloc identitaire et Riposte laïque. Des CRS -déployés en nombre- bloquent les accès et fouillent les passants qui souhaitent s'engager dans la rue. Plus de mille personnes sont attendues.
Plusieurs voix se sont élevées contre la tenue de cette conférence, une provocation savamment calculée du groupe d'extrême droite, rompu à ces manoeuvres depuis les "apéros saucisson-pinard". Bertrand Delanoë, le maire de Paris, avait réclamé son interdiction, en vain. Ce samedi, deux cent personnes manifestaient en marge de l'événement pour protester contre les "assises du fascisme" (voir ci-dessous).
A l'entrée de l'Espace Charenton, blousons en cuir, crânes rasés, capuches noires et écharpes bleu-blanc-rouge font la queue. La salle a été décorée pour l'occasion: drapeaux français - parfois avec la croix de Lorraine - portrait d'une femme en burqa... "Ni charia, ni burqa, la France ne veut pas ça", annoncent les affiches placardées sur les murs.
Certains prennent place et attendent les intervenants prévus au programme, parmi lesquels le célèbre Oskar Freysinger, le député suisse qui a proposé le référendum sur les minarets. Lorsque le politicien helvétique entre, la salle est en ébullition. Standing ovation. L'homme porte un gilet pare-balles et est suivi de près par des gardes du corps. Ambiance... Des assises de l'islamophobie ordinaire...
Oskar Freysinger, le député suisse à l'origine du référendum sur les minarets.
Christophe, 20 ans, a fait le voyage depuis Metz. "Je me sens concerné et inquiet, explique-t-il. Les gens qui viennent en Europe doivent délaisser une partie de leur culture." Pour Michel, 50 ans, originaire de Châteauroux et soutien actif du Bloc identitaire, "les Français doivent se réveiller". Sarcastique, il lâche: "J'accepte autant de mosquées en France qu'il y a d'églises en Algérie!" Un argument rabâché par les militants d'extrême droite. Et largement biaisé, les chértiens représentant moins d'1% de la population algérienne...
Antoine et Angélique, respectivement 28 et 25 ans, sont venus de Bretagne avec leur fille. "C'est plus par curiosité", avancent-ils timidement, avant d'ajouter: "Nous sommes inquiets des dérives de l'Islam. On est en France alors si on se retrouve encore avec des guerres de religion!". Marie Thérèse, 69 ans, lâche le morceau: "Seule Marine Le Pen peut en finir avec ce problème."
Si les Allemands avaient gagné la Seconde Guerre Mondiale, je ne pense pas que ce serait pire
Entre deux intervenants, les assises proposent de la lecture. Sur une table s'étale l'habituelle propagande de la sphère laïco-brune: La Nouvelle extrême droite, La Colère d'un Français ou Les Dessous du voile. "Aujourd'hui les Français doivent raser les murs. Si les Allemands avaient gagné la Seconde guerre mondiale, je ne pense pas que ce serait pire, s'aventure Christine. Notre espace vital se réduit chaque jour".
Dans le public, tous ne partagent cette peur de l'islam. Fabrice, 40 ans, est venu "prendre la température", "voir si on est proche de la guerre civile". "Il ne faut pas mépriser la crainte de ces gens, même si beaucoup font passer le FN pour des enfants de choeur", tempère-t-il.
Dans l'assistance, pas de responsables FN, ni de députés UMP, comme annoncé un temps. Sans doute le rappel à l'ordre de François Fillon n'y est-il pas étranger. Le Premier ministre avait estimé que le Front national ne méritait "pas de complaisance" et jugé le projet du parti d'extrême droite "dangereux et inconsistant". Mais, avec sa croisade anti-musulmans, l'extrême droite espère bien fédérer au delà de ses chapelles. Contre-manifestation Des assises de l'islamophobie ordinaire...
200 personnes se sont rassemblées, en marge des assises, pour protester.
Plusieurs associations et partis politiques de gauche organisaient un rassemblement pour protester contre ces "assises du fascisme". Tenues à l'écart par plusieurs barrages de police, 200 personnes étaient présentes, scandant "Pas de fachos dans nos quartiers et pas de quartiers pour les fachos". "Je suis en colère, c'est ce qui se passait en 1945, c'est vraiment inadmissible", enrage Kheira, une dame de 60 ans. "Ce sont vraiment des "Assises de la honte", estime pour sa part Irène Sores, de la Ligue des Droits de l'Homme."
source : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/des-assises-de-l-islamophobie-ordinaire_946462.html