"Il y a eu bien des moments, le plus souvent la nuit, vers trois ou quatre heures du matin, où Ike, incapable de trouver le sommeil, contemplait le plafond dans le noir en s'avouant avec un vague sentiment de culpabilité qu'il chérissait sa solitude. Il ne pense pas que ce soit là une chose saine, normale. Il a une théorie inexprimée selon laquelle la plupart des animaux -et il s'entête à inclure les humains dans cette catégorie- ont un besoin primitif de vivre en communauté, un désir profondément ancré d'appartenir à un groupe social. Il pense que même les parias, les anormaux, les insatisfaits, les rebelles, les non-conformistes, qu'ils l'admettent nou non, aspirent en secret à la compagnie d'autres marginaux. Il pense que le véritable ermite est une espèce extraordinairement rare. Et qu'il a, lui, l'étoffe d'un véritable ermite.
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Ike subodore que ce trait de caractère lui vient tout droit des gènes Thomas, que c'est un héritage familial.
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Cette conviction est fondée sur un ensemble de souvenirs qu'il ne cesse d'analyser quand il fait sa tournée, quand il avale silencieusement son déjeuner ou cède à l'insomnie qui le tourmente de temps à autre. Il croit savoir ce que ressentaient ses parents : l'impression de vivre une illusion, de se prêter à une mystification ridiculement complexe -une mystification destinée à faire croire que les gens ont des liens entre eux, qu'ils ont en commun l'histoire, la biologie, le langage".
Jack O'Connell B.P.9
Commentaires
Très intéressant! Merci de nous faire partager ce post.