Apollinaire : ah, dieu ! que la guerre est jolie
photographie : François Sternicha
"« Ah Dieu ! Que la guerre est jolie… ». Ce vers de Guillaume Apollinaire résume avec provocation l’absurdité de la guerre de 14-18. En 1966, Pierre Debauche en fait le titre de la pièce qu’il crée pour le deuxième festival de Nanterre. Inspiré du musical de Joan Littlewood Oh! What A Lovely War, le spectacle antimilitariste et libertaire de Debauche rencontre, en pleine guerre du Viet-Nam, un succès foudroyant. Repris en 1972, il sera vu par des milliers de spectateurs. Pour Pierre Debauche, la Grande Guerre est une tragédie intime, une évocation du paysage de son enfance, son propre père François ayant été engagé volontaire dans le conflit. En cette année de commémoration, il décide donc, avec l’aide de Pieryk Vanneuville, de raconter à nouveau cette guerre terrible. Il la raconte du point de vue des « biquets » c’est ainsi que l’on appelait les jeunes conscrits de 1914. Il la raconte avec son poids de tragédie, mais aussi avec la vitalité solaire d’une jeunesse mobilisée contre cette descente aux enfers. Habillés en « Pierrots », accompagnés par trois musiciens, quatorze jeunes acteurs du Théâtre École d’Aquitaine chantent les chants d’insoumission des mutinés. Ils racontent surtout quel formidable temps de paix cela aurait été si ça n’avait pas été la guerre..."