Par Soline Roy Marielle Court Mis à jour le 05/08/2017 à 17:29 Publié le 22/06/2017 à 20:12
"Emblème du WWF et de la Chine, le panda est universellement adoré et la Chine en profite pour se faire des amis. Mais ne vous fiez pas à sa bouille ronde, à ses yeux charbonneux et à son allure pataude: en réalité, le panda est une peste mal foutue et inadaptée à la vie sauvage. Le Figaro vous dévoile cinq raisons de détester le panda. Le paon, avec sa queue fort peu pratique, est parfois qualifié de «paradoxe de Darwin». Le panda en serait une version cauchemardesque…
• Il a un régime alimentaire absurde
Ailuropoda melanoleuca mange n'importe quoi, et il s'en fout. Jugez-en: le panda se nourrit quasi exclusivement de végétaux. Ce qui serait absolument parfait pour cette espèce endémique de la Chine où le bambou pousse à profusion. Oui, mais voilà: doté d'un unique estomac et d'un intestin court, sa digestion est rapide; son microbiote intestinal regorge de bactéries amies des carnivores mais pas des enzymes chargées de dégrader la cellulose; à l'inverse, sa génétique le dote de toutes les capacités d'un carnivore, sauf une mutation sur le gène qui code pour la saveur de l'umami, proche du goût de la viande. Bref, le panda est physiologiquement incapable d'assimiler correctement les plantes mais semble génétiquement incapable d'apprécier une bonne tranche de barbaque. Et malgré quelques millions d'années passées à boulotter jusqu'à 20 kilos de bambous par jour, la bête n'a pas évolué d'un iota…
• Il a érigé la paresse en art
Rectifions le point précédent: le panda n'a certes pas adapté son estomac à son régime. Mais pour faire face aux vicissitudes de son assiette, il a misé sur… la paresse. Le panda est un genre d'ado à fourrure qui passe son temps étalé comme une moule molle dans la forêt. Des membres de l'Académie des sciences chinoise ont étudié en 2015 les dépenses énergétiques de huit pandas (cinq captifs et trois sauvages), et ont constaté que les bestiaux dépensaient à peine plus de 1200 kilocalories par jour, soit moitié moins qu'un homme de poids équivalent (un peu plus de 90 kilos). Pour ce faire, le panda a trois tactiques imparables. D'abord, trois de ses organes vitaux et énergivores (cerveau, foie et reins) sont plus petits qu'attendu. Ensuite, son taux d'hormones thyroïdiennes est particulièrement bas (ce qui peut expliquer le point de détestation n°3…). Enfin, il passe moins de 50% de son temps à bouger. Et ce avec une vitesse de déplacement de 27 mètres à l'heure.
• Sa libido est totalement en berne
La libido du panda est une véritable catastrophe. Non seulement plus de la moitié d'entre eux ne montre aucun intérêt pour le sexe, mais si l'envie de flirter leur vient, encore faut-il tomber au bon moment pour la femelle. Cette dernière n'est en effet sensible au charme du sexe opposé que deux jours, trois maximum, par an. À la fin de l'hiver ou au début du printemps. Et pas sûr que monsieur soit intéressé.
• Deux sortes de panda mais un seul est un ours
Côté taxonomie, chez le panda, c'est le bazar. Résumons: le panda géant (Ailuropoda melanoleuca, celui qui fait du kung-fu dans les dessins animés) est bien classé parmi les ursidés. Mais son nom chinois signifie «grand chat-ours», ce qui montre déjà qu'il a tendance à déborder des cases. Au cours du XXe siècle, il a été classé au côté du panda roux (Ailurus fulgens) qui comme lui est doté d'un sixième doigt. Mais le panda roux appartient en fait au groupe des mustélidés, au même titre que la belette ou la moufette. Alors qu'il vit au même endroit, mange la même chose et partage une partie de son nom. Le panda, c'est vraiment n'importe quoi.
• Il a failli tuer le président Giscard d'Estaing
En décembre 1973, la Chine offre au président Pompidou deux pandas géants, Yen Yen et Li Li. Le jeune couple commence à couler des jours heureux au zoo de Vincennes jusqu'à ce que l'on découvre que Yen Yen a totalement usurpé sa réputation de femelle. Li Li mourra précocement d'une tumeur du pancréas, Yen Yen lui survivra jusqu'à 27 ans. Mais en 1981, un coup de rage (à moins que ce ne soit la vanité humaine...) a bien failli mettre fin aux belles heures de la diplomatie franco-chinoise par panda interposé. Rendant visite à sa fille qui faisait un stage de vétérinaire au zoo de Vincennes, le président français Valéry Giscard d'Estaing a voulu entrer dans la cage du panda «pour prouver le courage du président de la République», avouera-t-il bien plus tard devant une salle hilare. Mais Yen Yen n'a pas goûté l'honneur présidentiel. Ni une ni deux, «un panda m'a sauté dessus. ... Le gardien est venu me tirer de ses griffes, mais imaginez ce qu'eurent été les commentaires si j'avais été terrassé par l'animal...». Certes. Un président français mangé par un panda chinois, cela aurait très légèrement manqué de panache."