juste un doigt de religion
Vous ne voulez pas un whisky d'abord ?
Henriette Browne, la religieuse, 1859 / La Cité de la peur, les nuls
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juste un doigt de religion
tu ne veux pas un whisky d'abord ?
Jeffrey Dean Morgan as Max ,The Resident (2011) dir. Antti Jokinen
tag : juste un doigt
juste un doigt, vous ne voulez pas que je vous donne l'heure d'abord ?
- tu devrais enlever ta bague quand tu me doigtes
- je ne porte pas de bague, c'est ma montre
tag : romantisme de l'anneau, roman photo, si à 50 ans tu n'as pas mouillé ta Rolex tu as raté ta vie, un peu de doigté et d'amour
Franz Kafka : la métamorphose. texte intégral
Franz Kafka
La métamorphose
suivi de
Dans la colonie pénitentiaire
Traduit par Bernard Lortholary
La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Classiques du 20e siècle
Volume 85 : version 1.0
2
La métamorphose
suivi de
Dans la colonie pénitentiaire
Édition de référence :
Librio, Flammarion, 1988.
3
La métamorphose
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1
En se réveillant un matin après des rêves
agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit,
métamorphosé en un monstrueux insecte. Il était
sur le dos, un dos aussi dur qu’une carapace, et,
en relevant un peu la tête, il vit, bombé, brun,
cloisonné par des arceaux plus rigides, son
abdomen sur le haut duquel la couverture, prête à
glisser tout à fait, ne tenait plus qu’à peine. Ses
nombreuses pattes, lamentablement grêles par
comparaison avec la corpulence qu’il avait par
ailleurs, grouillaient désespérément sous ses
yeux.
« Qu’est-ce qui m’est arrivé ? » pensa-t-il. Ce
n’était pas un rêve. Sa chambre, une vraie
chambre humaine, juste un peu trop petite, était là
tranquille entre les quatre murs qu’il connaissait
bien. Au-dessus de la table où était déballée une
collection d’échantillons de tissus – Samsa était
représentant de commerce –, on voyait accrochée
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l’image qu’il avait récemment découpée dans un
magazine et mise dans un joli cadre doré. Elle
représentait une dame munie d’une toque et d’un
boa tous les deux en fourrure et qui, assise bien
droite, tendait vers le spectateur un lourd
manchon de fourrure où tout son avant-bras avait
disparu.
Le regard de Gregor se tourna ensuite vers la
fenêtre, et le temps maussade – on entendait les
gouttes de pluie frapper le rebord en zinc – le
rendit tout mélancolique. « Et si je redormais un
peu et oubliais toutes ces sottises ? » se dit-il ;
mais c’était absolument irréalisable, car il avait
l’habitude de dormir sur le côté droit et, dans
l’état où il était à présent, il était incapable de se
mettre dans cette position. Quelque énergie qu’il
mît à se jeter sur le côté droit, il tanguait et
retombait à chaque fois sur le dos. Il dut bien
essayer cent fois, fermant les yeux pour ne pas
s’imposer le spectacle de ses pattes en train de
gigoter, et il ne renonça que lorsqu’il commença
à sentir sur le flanc une petite douleur sourde
qu’il n’avait jamais éprouvée.
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« Ah, mon Dieu », songea-t-il, « quel métier
fatigant j’ai choisi ! Jour après jour en tournée.
Les affaires vous énervent bien plus qu’au siège
même de la firme, et par-dessus le marché je dois
subir le tracas des déplacements, le souci des
correspondances ferroviaires, les repas irréguliers
et mauvais, et des contacts humains qui changent
sans cesse, ne durent jamais, ne deviennent
jamais cordiaux. Que le diable emporte tout
cela ! » Il sentit une légère démangeaison au
sommet de son abdomen ; se traîna lentement sur
le dos en se rapprochant du montant du lit afin de
pouvoir mieux redresser la tête ; trouva l’endroit
qui le démangeait et qui était tout couvert de
petits points blancs dont il ne sut que penser ; et il
voulut palper l’endroit avec une patte, mais il la
retira aussitôt, car à ce contact il fut tout parcouru
de frissons glacés.
Il glissa et reprit sa position antérieure. « À
force de se lever tôt », pensa-t-il, « on devient
complètement stupide. L’être humain a besoin de
son sommeil. D’autres représentants vivent
comme des femmes de harem. Quand, par
exemple, moi je rentre à l’hôtel dans le courant
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de la matinée pour transcrire les commandes que
j’ai obtenues, ces messieurs n’en sont encore qu’à
prendre leur petit déjeuner. Je devrais essayer ça
avec mon patron ; je serais viré immédiatement.
Qui sait, du reste, si ce ne serait pas une très
bonne chose pour moi. Si je ne me retenais pas à
cause de mes parents, il y a longtemps que
j’aurais donné ma démission, je me serais
présenté devant le patron et je lui aurais dit ma
façon de penser du fond du cœur. De quoi le faire
tomber de son comptoir ! Il faut dire que ce ne
sont pas des manières, de s’asseoir sur le
comptoir et de parler de là-haut à l’employé, qui
de plus est obligé d’approcher tout près, parce
que le patron est sourd. Enfin, je n’ai pas encore
abandonné tout espoir ; une fois que j’aurai réuni
l’argent nécessaire pour rembourser la dette de
mes parents envers lui – j’estime que cela prendra
encore de cinq à six ans –, je ferai absolument la
chose. Alors, je trancherai dans le vif. Mais enfin,
pour le moment, il faut que je me lève, car mon
train part à cinq heures. »
Et il regarda vers la pendule-réveil dont on
entendait le tic-tac sur la commode. « Dieu du
tu ne veux pas un Whisky d'abord ?
peintre : Christian Schad
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